Vietnam – Visite du delta du Mékong

Visite du delta du Mékong (mardi 23 février – vendredi 4 mars 2016)

Le delta du Mékong est situé à une soixantaine de kilomètres au sud d’Ho Chi Minh City, entre les villes de My Tho et de Can Tho (distante de 30 km). C’est là que les multiples bras du Mékong viennent se déverser dans la mer de la Chine du sud. Après Can Tho, pointe sud du Vietnam, c’est un paysage plat qui s’offre au rare visiteur et qui permet d’accéder au golfe de la Thaïlande. Au Cambodge, j’ai pu longer le Mékong en son milieu, et maintenant me voici au bout. La source (ou les sources) non certifiée(s) se situe(nt) dans la chaine de l’Himalaya au Tibet à plus de 5000 mètres. La longueur du fleuve est estimée entre ~4300 et ~4900 km.

En parlant de delta, j’ai pensé à un paysage verdoyant et à une végétation luxuriante du fait des nombreux bras du Mékong, dans le même genre que le golfe du Gange. Je m’attendais clairement à traverser une magnifique région et à me régaler les yeux depuis le bus. Et bien : non. En fait, le delta du Mékong est tellement urbanisé, qu’il est impossible de voir la végétation luxuriante (et de faire des photos de cartes postales) depuis les axes routiers : le paysage est monotone à n’en plus finir. Pour aller de My Tho à Can Tho, on saute d’une grande île à une autre par de grands ponts ou bien, maintenant, en de rare endroit par le ferry. Les îles traversées par les axes routiers sont tellement grandes, que l’on ne se rend pas compte que l’on est sur une île. Donc, clairement, pour trouver des petits coins tranquilles et verdoyants, il faut aller sur de petites îles, ou bien trouver un carré de verdure coincé entre 2 routes.

Les quelques villes importantes sont modernes, avec des constructions neuves, de larges rues et des kilomètres à faire pour passer d’un coté à l’autre. Mais heureusement, il n’y a pas besoin de courir dans tous les sens, car il n’y a quasiment rien à visiter ; ce sont plutôt des points de chutes pour aller visiter les alentours. Les 2 classiques que l’on trouve partout : visiter les magnifiques marchés des villes, avec une variété impressionnante de fruits et de légumes sans oublier les poissons fraichement péchés et les circuits à touristes sur le Mékong, que je n’ai pas pris (trop cher pour le peu à visiter). Les habitants vivent principalement de la pêche et de l’agriculture (rizières, champs de cannes à sucre, de cocotiers…).

J’ai été aussi très agréablement surpris de découvrir une présence importante des communautés chrétiennes, il y a de grandes églises un peu partout, même dans les zones reculées.

La plupart des touristes qui ont trop peu de temps au Vietnam, choisissent tous de passer par un tour opérateur et font les circuits touristiques à toute vitesse. Ayant du temps devant moi, j’ai préféré tout faire en solo avec les bus locaux et être avec les locaux. J’ai donc passé 11 jours pour faire le tour du sud Vietnam avec mon petit sac à dos pour être libre. Le bonus : avoir croisé très peu de touristes.

Je ne m’attarderais pas trop à décrire les lieux visités, je vous invite plutôt à regarder les photos. Vous trouverez aussi mes conseils pour visiter par soi-même le delta du Mékong ici.

Nhon thanh

My Tho et Ben Tre

A 60 km au sud d’Ho Chi Minh City, My Tho est la porte d’entrée du delta du Mékong, c’est là que j’ai découvert mon premier temple caodaïste (voir ci-dessus). En fait, j’ai débarqué ici sans trop savoir ce que j’allais faire, mais après avoir refusé un circuit en bateau sur le Mékong, j’ai finalement pris un ferry local pour aller au hasard sur une île. En me promenant sur une petite île habitée, j’ai ainsi pu commencer à découvrir la vie locale. Ayant fait rapidement le tour, et n’ayant plus rien à faire, j’ai donc continué mon chemin en allant à Ben Tre à 20 km plus au sud.

A Ben Tre, trouver un vélo, n’est pas simple, il n’y a que 2 agences de voyages qui en proposent. Mais à 100 000 dongs la journée c’était trop cher (habituellement 20 000 dongs), j’ai donc fait une boucle de 20 km à pied sous un soleil de plomb après avoir traversé le pont qui enjambe le Mékong. En gros, il y a les routes, et entre les routes des quartiers de verdures. Pour y accéder, il faut oser s’arrêter sur le bord de la route  et prendre un des nombreux petits chemins pour se retrouver immédiatement… dans la jungle : une végétation dense, des ruisseaux partout et des maisons perdues éparpillées par-ci, par-là. Pour ne pas se perdre, j’ai le GPS, mais même avec cela, impossible de faire des boucles, les chemins finissent presque tous en impasse. J’ai donc principalement marché le long des routes, ce qui est un peu pénible. La consolation : les locaux trop contents de me voir, mon offert à 2 reprises à boire et j’ai pu me poser un peu avec eux. Le circuit que j’ai fait est celui proposé par les agences de voyages, et l’on visite des usines qui transforment les noix de coco en bonbons et en objets artisanaux. Tout est fait à la main : de la cueillette, du dépeçage de la noix de coco, jusqu’à l’emballage individuels des bonbons… Oui, oui, j’ai vu cela de mes propres yeux.

Je n’ai fait qu’un petit tour, mais j’ai vu des touristes courageux faire des dizaines de kilomètres en vélo pour aller sur promener sur d’autres îles qui parait-il sont magnifiques.

Cai Be

Cai Be

A une quarantaine de kilomètres de My Tho, Cai Be est le village que j’ai le plus aimé dans le delta du Mékong, car plus authentique (= nettement moins moderne que les autres villes) et surtout qui permet de découvrir au même endroit ce que les visiteurs veulent voir : un marché flottant et une île. Le village étant un peu dans une impasse et à 4 km de la route principale, il y a donc peu de circulation, ce qui permet de découvrir le village tranquillement : un des plus beaux marchés terrestres du delta du Mékong que j’ai pu voir, un temple caodaïste, une ancienne église (fermée), et apercevoir le petit marché flottant de la rive.

Pour se loger, il y a très peu de choix et le prix minimum est à 300 000 dongs, diner et petit déjeuner inclus. Sur les conseils d’une guide, j’ai donc logé sur l’ile (Tan Phong) que je voulais visiter. L’endroit où j’ai dormi est plutôt un lieu de réception pour faire la fête et accueillir les touristes qui font un circuit en bateau. Quant à la l’hôtellerie c’est carrément médiocre pour le prix : une minuscule chambre sans climatisation, salle de bain commune sans eau chaude. Le menu du soir : du riz, des légumes, une tranche de poisson et des litchis locaux (la boisson est payante). Le petit déjeuner : un sachet de nouille chinoise, une omelette avec œuf et un verre de thé. Et comme, la relation est purement commerciale, la seule chose que le staff m’a demandé à mon arrivée, c’est l’argent…

Tan Phong est une île de 15 km de long et peu large, et l’on circule uniquement en vélo, en scooter et en barque dans une végétation luxuriante. Pour passer les ruisseaux et les rivières, l’on emprunte de nombreux ponts. L’ile étant à l’état naturel, je m’attendais à voir des constructions typiques du coin. Et bien… non ; quasiment toutes les maisons sont modernes (= en béton). J’ai eu aussi la bonne surprise de dénicher une petite communauté religieuse catholique ainsi qu’une grande église en cours de construction.

Bref, j’ai beaucoup aimé Cai Be et cette île, que je recommande à tous ceux qui n’ont que 2 jours pour visiter le sud Vietnam.

Vinh Long

Situé à 34 Km de Cai Be, il y a 2 lieux à visiter, notamment pour les catholiques : le sanctuaire de Notre-Dame de Fatima à 4 km de la ville, et l’énorme église cubique sans piliers à l’intérieur. J’ai aussi pu consulter la carte du diocèse et découvrir l’étendu de la communauté catholique : impressionnant, il y a des églises partout même sur les îles dans des trous perdus. Si les chrétiens sont très présents dans le sud, c’est à cause de la guerre du Vietnam : des milliers de Vietnamiens ont fui le nord pour le sud.

Pour trouver de la verdure, j’ai traversé le Mékong pour aller sur An Binh Island. C’est une grande île, accessible à tous les véhicules, et assez vivante : les routes n’étant pas très larges, il y a des bouchons aux sorties des écoles. J’ai juste fait un peu de marche (2 heures) pour découvrir un peu le paysage, mais ayant trouvé celui de Tan Phong Island nettement plus joli, je ne me suis attardé plus longtemps.

Cai Rang

Can Tho et Cai Rang

Can Tho est situé à 33 km de Vinh Long, c’est la plus grande ville du delta du Mékong (1,2 millions) et aussi la dernière. Les touristes viennent surtout pour faire un tour en barque sur le Mékong et aller voir le marché flottant le plus important du delta du Mékong à Cai Rang à 6 km au sud (sachant qu’il y a aussi d’autres marchés flottants aux alentours).

En visitant une église, j’ai eu la chance de rencontrer et de discuter avec le curé et au fil de la discussion, il m’a envoyé au séminaire situé juste en face du marché flottant de Cai Rang. Je suis donc resté 2 nuits et j’ai pu rencontrer un jeune des MEP en mission. Il y a 250 étudiants dans ce séminaire, avec un programme journalier bien chargé puisque le levé est avant 5h du matin  et le couché vers 21h-22h. Cela a été surtout l’occasion de découvrir un peu mieux l’église catholique vietnamienne et les enjeux auxquels elle a à faire face (entre autres : le clergé se bat pour que les fidèles n’abandonnent pas leur foi et retombe dans l’animisme et autres croyances).

Le fameux marché flottant de Cai Rang : j’ai aperçu le marché de la rive, sachant que c’est difficile car il y a des constructions sur les bords du Mékong. Le moment le plus intéressant est avant 6h (au lever du jour), sachant qu’après 8h, le marché et nettement moins animé et que le gros des touristes est à ce moment. En fait, les bateaux de marchandises remontent le Mékong jusqu’au marché, et des grossistes en barques achètent la marchandise pour la revendre ensuite sur les marchés des villes. Pour savoir ce qu’il y a dans un gros bateau, un échantillon est exposé à l’extérieur. Pour admirer de plus près tout cela, des barques motorisées à touristes tournent en rond pour permettre de prendre des photos. Le hic, comme c’est une des attractions les plus importantes de la région, les bateaux à touristes y vont tous au même moment créant des embouteillages autour du marché. Bref, difficile de bien profiter de ce marché flottant devenu trop touristique. Celui de Cai Be est nettement plus petit, mais je trouve plus authentique et surtout plus tranquille.

Tan Phong

Tan Phong (Tac Say)

Après Can Tho, direction Ca Mau à la pointe sud du Vietnam, avec un arrêt à Tan Phong (30 km avant), plus connu sous le nom de Tac Say. Il s’agit d’un sanctuaire catholique dédié au père Phanxicô Xaviê Trương Bửu Diệp. J’ai eu l’information sur ce sanctuaire au séminaire de Cai Rang. Ce que Lourdes est à la France Tac Say l’est au Vietnam, et il y a  toujours du monde tous les jours.

Phanxicô (François) est né au Vietnam en 1897, est devenu prêtre en 1924, a commencé à exercer son sacerdoce au Cambodge, puis est devenu curé de la paroisse de Tac Say en 1930. Durant toutes ces années, il acquiert la réputation d’un prêtre zélé, proche des fidèles, très attentif à leurs besoins, animé d’un grand esprit missionnaire : il a implanté plus de huit chrétientés aux alentours de la paroisse. A la guerre d’Indochine en 1945, le clergé se retire de la région mais le père Phanxicô a préféré rester avec ses paroissiens. En 1946, il est arrêté avec 70 paroissiens par les Vietminhs. Il est mort martyr en 1946 en ayant proposé aux Vietminhs de leur offrir sa vie en échange de la vie sauve de ses paroissiens. Son dossier en béatification a été transmis à Rome en 2014.

Ce que j’ai trouvé très beau dans ce sanctuaire, c’est la proximité des Vietnamiens avec le père Phanxico : les fidèles déposent des bouteilles d’eau sur sa tombe pour être bénite et lui parlent comme un ami. Il y a une statue du prêtre en position de prière, les fidèles se mettent à côté de lui pour lui parler. Il y a une autre statue du prêtre assis avec un livre sur ses genoux, les fidèles prennent un crayon et écrivent sur le livre…

Sur les photos vous remarquerez aussi l’utilisation des bâtons d’encens. Au Vietnam, pour vénérer une personne importante décédée, on place des bâtons d’encens entre les mains jointes devant soi, et l’on s’incline plusieurs fois. Cela m’a beaucoup surpris, d’autant que Jésus est vénéré de la même manière que n’importe quel saint ou gourou et que l’on retrouve ce geste dans toutes les religions et croyances asiatiques. C’est un héritage du confucianisme, et comme c’est difficile de changer les traditions, l’Eglise s’accommode donc de cela. Rassurez-vous, cela n’enlève en rien la foi catholique des fidèles.

Je suis resté quelques heures sur place, puis j’ai attrapé au vol un mini van pour continuer ma route sur Ca Mau. On m’avait prévenu que certains chauffeurs de mini vans conduisaient beaucoup trop vite, et qu’il valait mieux voyager en gros bus. Mais le seul véhicule qui s’est arrêté pour me prendre était un mini van. Ce que l’on m’a dit s’est vérifié, le chauffeur a conduit comme un taré en slalomant entre les véhicules à 80 km/h sur une 2 voies. Malheureusement un pneu arrière a éclaté, le véhicule a fait un demi-tour sur place et a failli partir dans le décor. Heureusement que c’était le pneu arrière et qu’il n’y avait personne sur la route à ce moment-là. Donc aucun blessé. Forcément, j’étais un peu colère et j’ai engueulé le chauffeur (qui s’en foutait), mais la réaction des Vietnamiens est tout autre : tout va bien, tout le monde est resté bien calme et ils ont rigolé de la situation. Comme il n’était pas question que je finisse les 8 km avec ce mini van, je me suis posté au milieu de la route et obligé un gros bus à s’arrêter pour me prendre (qui a attendu le dernier moment pour freiner).

Ca Mau

C’est la grosse ville la plus au sud du Vietnam (~170 km de Can Tho), où presqu’aucun touriste ne vient parce qu’il n’y a rien à visiter, d’autant que le paysage de la région n’a rien d’exceptionnel. Si je suis venu ici, c’est parce que j’avais pu me faire loger à la paroisse de Ca Mau ; d’autant que c’est une façon de rencontrer les locaux.

Il y a ici une grande église moderne, et une belle communauté de fidèles. Il y a la messe du soir (vers 17h) mais aussi celle du matin à… 4h45 tous les jours (sauf le dimanche). Si en Inde la première messe du jour est à 6h, au Vietnam c’est plutôt 5h ou 5h30. Et ne croyez pas qu’il y a 3 pelés et 3 tondus le matin comme en France, beaucoup de fidèles vont à la messe tous les jours. Le soir bien après la messe, les fidèles se rassemblent dans la cour et viennent prier le chapelet tous les jours devant la grotte de Notre Dame de Lourdes.

Hon Da Bac Island

Hon Da Bac Island

Maintenant que j’étais dans le sud du Vietnam, j’avais eu une envie d’aller à la pointe du pays, c’est-à-dire au lieu le plus au sud. Il s’agit de la réserve naturelle de Dat Mui. Mais après en avoir discuté autour de moi et lu des commentaires sur internet, j’ai abandonné l’idée (pas grand-chose à voir et compliqué pour y aller). Le prêtre qui m’a accueilli m’a donc envoyé à Hon Da Bac à 47 km à l’ouest de Ca Mau sur un ilot. Pour y aller, le prêtre a débauché un salarié de la paroisse, qui m’a emmené sur l’ile avec son scooter. J’ai donc pu profiter du paysage et admirer le golfe de la Thaïlande. On accède au premier ilot par un pont, puis au deuxième ilot par un second pont à partir du premier ilot. C’est beaucoup de kilomètres pour pas grand-chose, mais je n’allais pas refuser le cadeau qui m’était fait. Et puis le plus important ce sont les rencontres. Donc Deo gracias.

Chau Doc Province

Chau Doc

Chau Doc, à 115 km à l’ouest de Can Tho, est la porte d’entrée pour le Vietnam lorsque l’on vient du sud du Cambodge, tout le monde s’arrête ici pour au moins une nuit. Comme toujours la ville n’a aucun intérêt, mais j’ai loué un vélo pour visiter les environs. En gros le paysage est plat, et les locaux vivent de l’agriculture (j’ai vu des rizières et des cultures de piments). Les 2 lieux que j’ai visités qui ont motivé ma venue ici :

  • Nui Sam: sur cette petite colline se niche la pagode Ba Chua Xu. C’est un lieu de pèlerinage pour les Vietnamiens bouddhistes. On parle de pagode, mais c’est plutôt un minuscule sanctuaire avec 2-3 boutiques de vente d’objets. Si la base de la colline fait plusieurs kilomètres, le sommet lui ne fait que quelques dizaines mètres et le sanctuaire est presque au point le plus haut, dépassé de quelques mètres par une antenne radio. Il y a une magnifique vue sur les alentours, mais la végétation en masque une bonne partie ce qui limite les belles photos. Au pied de la colline il y a d’autres magnifiques temples qui méritent le détour ;
  • Rung Tra Sur: c’est un carré de jungle de 9 km2 perdu au milieu de la campagne. En fait, il s’agit d’une réserve naturelle avec des mangroves (des canaux au milieu d’une végétation très dense), où viennent habiter des oiseaux. Pour se promener à l’intérieur, la barque est nécessaire, aussi je suis resté sur le bord. Comme c’est la saison sèche, tout est désertique et je me suis retrouvé presque seul a écouter le chant des oiseaux. Enfin presque, parce qu’il y avait en plus le bruit des travaux. J’ai trouvé ce lieu vraiment étonnant : la jungle au milieu de la rase campagne, à ne visiter je pense qu’après la mousson lorsque tout est bien vert.

En conclusion : pour les pressés qui n’ont pas autant de temps que moi et qui veulent aller à l’essentiel, je recommande Cai Be, puis Ben tre et My Tho.

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