Inde – Safari dans le désert du Thar

Safari dans le désert du Thar (jeudi 19 au samedi 21 février 2015)

C’est, j’ose dire, la chose à faire qui justifie à lui seul tous les kilomètres parcouru pour arriver à Jaisalmer ou à Bikaner. Comparé à d’autre désert, c’est un petit désert caillouteux avec quelques dunes de sable, qui longe la frontière pakistanaise en traversant les états du Gujarat, du Rajasthan, de l’Haryana et du Penjab. Il est habité par des villages disséminés un peu partout, des animaux (des chèvres notamment), des éoliennes et des lignes électriques à haute tension. C’est le désert qui à la plus forte densité d’habitants au km2.

Choisir une agence et le circuit

Afin de comparer un minimum les prix pratiqués, je suis allé simplement à l’office du tourisme pour demander leur avis. Réponse : Ganesh Travel dans le fort. Après renseignements et l’avis des touristes rencontrés, j’ai choisi leur service parce qu’ils étaient les moins chers (850 roupies par jour tout compris). En fait, tout le monde propose exactement la même chose, sauf les circuits qui varient d’un hôtel à l’autre. Autre chose : très bon contact, le responsable de l’agence ne force en rien les choses. D’ailleurs les gérants de mon hôtel ont respecté mon choix de ne pas avoir utilisé leurs services. Trip Advisor est aussi un bon moyen pour faire son choix.

Tous les hôtels proposent leur safari, chacun ayant son circuit. Un critère essentiel : ne pas faire un circuit trop près de Jaisalmer. Tous diront que le circuit proposé n’est pas touristique. Pour le savoir, il suffit de comparer les circuits proposés (les cartes sont mêmes peintes sur certains murs des hôtels). Si l’on voit trop de noms de villages communs, c’est plutôt mauvais signe. Si le circuit passe les dunes de Sam, c’est je pense encore plus mauvais signe, c’est le lieu où la plupart des touristes vont pour admirer le coucher de soleil.

Pour moi, le but de faire un safari, c’est de se couper du quotidien pour vivre une expérience de vie dans le désert et se retrouver seul ou en petit comité dans des lieux reculés au contact de la nature et des villageois.

Autre chose : en discutant avec mon guide, il m’a dit qu’il avait un patron qui prenait soin de ses salariés, et qu’il était aimé par tous ceux qui travaillent avec lui.

La durée du circuit

J’ai choisi de faire un circuit de 3 jours et 2 nuits, afin de ne pas faire un aller-retour « juste pour voir », mais m’offrir une petite coupure radicale de ma vie de voyageur en prenant le temps de prendre le temps. La durée est à la carte, à la convenance de chacun. Je pense que 2 nuits dans le désert est un minimum pour faire une coupure et entrer un peu dans la vie du désert. Ne pas oublier l’on « perd » presque une demie journée avant de se retrouver sur un dromadaire. En fait, l’agence Ganesh fait les courses le matin même, vous emmène sur le lieu départ en jeep et l’on prépare les dromadaires. Tout prend du temps. Et le dernier jour, l’après-midi est raccourci à cause du retour sur Jaisalmer.

Le programme ultra simple

Petit déjeuner, marche à dos de dromadaire, déjeuner, marche à dos de dromadaire, diner et coucher. A première vue, on a l’impression de ne rien faire, mais en fait tout prend temps : récupérer les dromadaires qui partent se balader la nuit pour aller manger, les préparer, préparer les repas s’arrêter en chemin pour faire des pauses… Bref, le temps prend son temps et cela repose le corps et l’esprit.

Désert du Thar

La cuisine

Très simple, au feu de bois. Le petit déjeuner : œufs dur, pain de mie avec confiture, tchai et fruits. Le déjeuner et le diner : tchai, chips du pays, légumes cuit à l’eau avec chapatis et fruits, le diner idem. Une fois j’ai mangé du riz ! J’ai mangé peu, mais cela m’a suffit compte tenu du peu d’effort physique dans la journée. Pour les affamés, emporter de la nourriture, car les magasins n’existent pas sur le circuit. Un occidental mange souvent trop, et je peux vous assurer que l’on peut vivre en mangeant peu (juste ce qu’il faut).

L’eau

Une bouteille d’un litre suffit. L’eau est transportée en quantité suffisante pour une journée, ensuite le ravitaillement est fait sur le circuit.

Les affaires à emporter

En gros : petit sac à dos avec de quoi se protéger du soleil (crème solaire, chapeau…), de quoi faire un brin de toilette (je n’ai pas pris de douche durant mon circuit), du papier toilette et de quoi se couvrir pour la nuit (veste, pull…). Pas de sac de couchage, des couvertures sont fournies pour dormir à la belle étoile. Tout cela vous sera dit par l’agence. Personnellement, j’ai pris en plus une tenue de rechange et une mini pharmacie.

Désert du Thar

Les dromadaires

Tout l’intérêt du safari est de le faire sur un dromadaire. Il y a environ 5 heures de marche par jour, ponctué de pauses dans les villages pour faire boire les dromadaires. Pour manger, le guide les lâche dans le désert et ils partent manger la végétation. Pour ne pas aller trop loin, les 2 pattes avant sont attachées ensemble avec une corde. Après la pause et surtout la nuit, c’est la chasse aux dromadaires qui commence, pour les ramener au camp ; et cela peut prendre un certain temps… Un dromadaire peut porter 200-250 kilo, boire 10 litres d’eau et tenir 2-3 jours sans boire.

Mon circuit

J’ai fait un circuit à 40 kilomètres au sud de Jaisalmer. Trajet en jeep pour rejoindre le point de départ dans le petit village de Pidia dans le désert. Mon guide : Bika, un jeune de 17 ans, est guide depuis l’âge de… 7 ans. Il n’est jamais allé à l’école, ne sait pas lire ni écrire et a appris l’anglais avec les touristes ! Les familles qui vivent dans le désert, sont agriculteurs et sont très pauvres. La maison se résume souvent à un simple rectangle en terre cuite, avec un toit de branchages surmonté d’une bâche. Faire le guide dans le désert, permet aux familles d’améliorer leur quotidien.

Je me suis retrouvé seul à faire le circuit, 2 autres personnes qui s’étaient inscrites se sont décommandées à la dernière minute. Je passe rapidement sur le programme des journées, car ce n’est pas le plus important dans un safari.

  • Le premier jour : départ à 8h30 de Jaisalmer, arrivée en Jeep dans le village de Pidia vers 10h30. Petite marche à dos de dromadaire, arrêt au point d’un village (sans rentrer dans le village), pause déjeuner, repos, marche, pause dans un autre village, puis pose le soir au pied des dunes de sable avec un autre petite groupe de l’agence (venu pour une nuit). Durant cette journée le guide à fait le trajet à pied.
  • Le deuxième jour : retour au point de départ en un temps record, puis Bika et moi sommes repartis tout les 2 à dos de dromadaire pour aller déjeuner non loin du lieu où j’avais dormi ! Marche tout l’après midi avec un arrêt au point d’eau d’un village, puis pose le soir dans d’autres dunes. Je n’étais pas très content de cette journée, pour être revenu à mon point de départ. L’objectif était de faire une boucle et de s’éloigner du point de départ et non pas d’y revenir pour y repartir. En fait, pour savoir où j’étais (car j’aime bien savoir où je suis), j’ai utilisé mon gps et je me suis rendu compte que la première nuit était vraiment proche du point de départ (à 1 heure de marche), tout comme pour le déjeuner de ce jour.
  • Le troisième jour : après une nuit sableuse (il y avait du vent), longue marche avec une pause déjeuner et arrêt dans 2 villages, puis retour au point de départ.

Entre le circuit annoncé et celui qui est fait, il peut il y avoir une différence. Dans mon cas, je suis revenu au point de départ le deuxième jour. En règle générale, les touristes ne se rendent compte de rien car ils ne savent pas où ils vont. Par contre, celui qui comme moi à un gps, voit tout de suite les choses…

Désert du Thar

La vie dans le désert

Pour découvrir la vie dans le désert, et étant seul avec mon guide, j’en ai profité pour lui poser des questions sur sa vie, sur sa famille afin de découvrir ce qu’ils vivent dans le désert. N’hésitez pas à en faire autant.

Les familles vivent essentiellement de l’artisanat (fabrication d’objets à la main) et de l’agriculture. La vie est simple, les familles ayant très peu de ressources financières. Les villages n’ont pas l’électricité, ni l’eau à quelques exceptions près. La plupart des jeunes ne sont pas scolarisés par manque de moyens, ils ne savent donc ni lire, ni écrire comme Bika.

  • Les éoliennes : depuis 2011-2012, le gouvernement indien exploite le désert pour produire de l’électricité car il y a du vent. En soit cela est très bien et c’est écologique. Le problème est qu’apparemment le rendement ait été le critère premier et non pas la qualité de vie des villageois. Du coup, certains villages sont entourés d’éoliennes. Le pire dans tout cela : on pourrait penser à une compensation de la pollution visuelle et sonore en électrifiant le village pour améliorer la vie locale. Et bien non, même avec une éolienne à quelques mètres, il faut payer pour avoir le raccord. Les familles étant trop pauvre financièrement, ne pourront jamais s’offrir ce raccord. C’est une entreprise privée qui gère les éoliennes et qui ne prend pas le risque de donner de l’électricité, car tout le monde en profiterait et ne voudrait pas payer par la suite.
  • L’eau : c’est une denrée rare dans le désert et pourtant il y a des nappes phréatiques dessous. Les villages les plus importants ont pu obtenir du gouvernement qu’il prenne en charge le coût d’un forage suite à aux installations d’éoliennes. Certains villages ont donc bassin d’eau, les villages les plus petits n’ont rien. La famille de Bika par exemple est obligée d’acheter l’eau et de la stocker dans un réservoir pour la famille et pour les animaux. Toutefois, grâce à ces points d’eau, la perte d’animaux s’est considérablement réduite.
  • L’agriculture : il est assez flagrant dans le désert de voir des parcelles vertes et d’autres en friche. Ceux qui ont les parcelles vertes ont les moyens de s’offrir l’électricité et l’eau, et arrivent donc à gagner de l’argent tout au long de l’année. Les autres doivent attendre la mousson.

J’ai vraiment apprécié cette expérience de vie simple et à la fois exigeante, qui permet de se retirer pour quelques jours de la vie bouillonnante du quotidien : le silence, vivre au rythme de la nature, qualifier le temps présent en prenant le temps de faire les choses, ni trop vite, ni trop lentement. C’est un vrai repos pour le corps et l’esprit et sans avoir besoin de faire des exercices de méditations.

Voilà pour ma première expérience de vie dans le désert, qui mérite vraiment que l’on s’y arrête au moins une fois dans sa vie. Comparé à d’autres déserts beaucoup plus grands, le désert du Thar offre une bonne porte d’entrée pour ceux et celles qui veulent faire leur premier baptême. 🙂

Et vous, avez-vous eu une expérience de vie dans le désert ?

Voir les photos du safari dans le désert du Thar.

Lire l’article de ma visite dans le Rajasthan.

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