Philippines – Visite de Metro Manila
Visite de Metro Manila (Plusieurs semaines entre septembre 2016 et mars 2017)
La métropole (Metro) de Manila, englobe Manila la capitale, ainsi que les villes à proximité immédiate de Manila dont Makati et Quezon. La population de la métropole est de 11,5 millions d’habitants dont 1,6 million à Manila.
Sans m’attarder :
- Makati : c’est la plus belle ville du pays (comme dans les pays occidentaux), spacieuse, moderne, très propre, des boutiques de luxe… ; c’est pour moi la capitale de l’économie et la vitrine du pays où les riches et le business prospèrent. Chose amusante : quasiment toutes les ambassades y ont élu domicile. Ici, les pauvres sont plutôt rares dans les rues, ils sont plutôt « cachés » dans les petites rues des quartiers résidentiels ;
- Quezon : c’est une grande ville intermédiaire sur la qualité de vie entre Makati et Manila : c’est ni joli, ni moche, c’est une ville comparable à d’autres villes des pays en voie de développement. Pour l’avoir traversé plusieurs fois, la ville est plutôt agréable et les axes routiers sont assez larges pour absorber le trafic. Il y a des quartiers bidonvilles éparpillés un peu partout, mais ils sont plutôt mélangés avec les quartiers pavillonnaires ; donc c’est possible de ne pas les voir si l’on ne fait pas attention. Quezon est la ville la plus grande de la métropole, c’est donc ici que sont situés la plupart des associations qui viennent en aide aux pauvres.
Lorsque je suis arrivé à Manila (ma porte d’entrée dans le pays), la première chose qui m’a frappé en sortant de l’aéroport, a été de me rappeler mon passage en Inde et de trouver des similitudes dans la vie locale : des constructions moches, des jeepneys qui crachent une belle fumée noire, une circulation dense sans les klaxons, des marchants ambulants un peu partout et des pauvres en quantités qui jonchent les rues.
Généralement, les pays investissent un minimum dans la ville capitale, car c’est souvent elle qui fait office de vitrine du pays (tours, transports modernes, infrastructures rénovées, propreté…). Ici, rien de tout cela, la ville est pour moi un bidonville à elle-toute seule (j’ose le dire) ; c’est plutôt la capitale de la pauvreté et de la misère du pays qui bat à plate couture les villes de l’Inde et ses bidonvilles. Les rues sont étroites, les constructions sont soit en bois et en tôle soit en béton coloré en noir par la pollution et les pauvres jonchent en quantité les rues. Si par exemple à Hong-Kong, l’on arrive à caser des millions de personnes sur une surface réduite et à cacher la misère, c’est parce qu’il y a beaucoup de constructions très hautes. A Manila, les immeubles de grande hauteur poussent un peu partout, mais pour se loger il faut y mettre le prix car bien souvent les promoteurs immobiliers visent le haut de gamme. Mais comme il y a beaucoup de pauvres, presque tout le monde vit au niveau de la chaussée et l’on voit donc presque tout de ses propres yeux depuis la rue. Ici, les pauvres vivent en permanence dans la rue et élisent domicile sur tous les trottoirs de la ville (pire qu’à Kolkata) et vont même jusqu’à s’installer dans les cimetières.
Parallèlement à la grande pauvreté de la ville, la société de consommation se développe bien : des malls très beau et bien remplis de Philippins dans presque tous les quartiers, des chaines de restauration rapide et d’électroniques à n’en plus finir, bref tout est fait pour dépenser et gaspiller son argent (c’est le travers de la société de consommation). Contrairement en Inde où l’on passe progressivement d’un quartier riche à un quartier pauvre, ici il n’y a pas de transition, on passe d’un extrême à un autre en quelques mètres (ex. : une rue très commerçante et des rues remplies de pauvres à quelques mètres d’écart, ou bien un bâtiment luxueux à côté d’un logement insalubre).
Se déplacer
Il faut être aventureux, curieux, intelligent, avoir beaucoup de temps et accepter de ne pas aller où l’on veut. Il n’y a pas de cartes des transports en communs, j’ai du apprendre la géographie de la ville pour repérer des carrefours et des destinations stratégiques. GPS obligatoire si l’on ne veut pas dépendre des autres et se ruiner en taxis.
- Les taxis : ils sont confortables, climatisés et vous emmènent partout à condition d’y mettre le prix. C’est surtout pratique pour aller en dehors des axes desservis par les transports en communs ;
- Les bus locaux : il y a quelques lignes de bus qui traversent Manila et qui desservent les villes alentours. Le hic : ils ne s’arrêtent qu’aux arrêts de bus officiels qui ne sont pas indiqués en tant que tel. Bref, il faut regarder comment font les Philippins et faire comme eux ;
- Les jeepneys : se sont des jeeps militaires allongées et non climatisées pouvant embarquer 20 personnes. Pour voyager correctement, mieux vaut ne pas mesurer plus de 1,80 m, se limiter à un petit bagage à garder sur ses genoux (pas de soute, pas de coffre, pas de galerie sur le toit) et aimer être compressé. Ca avance lentement et c’est le meilleur moyen de s’offrir à très petit prix, une bonne cure de pollution. Pour profiter de ce mode de transport (qui à son charme), il faut situer les terminus des jeepneys (indiqué dessus) sur une carte, pour avoir une idée de sa direction et deviner le trajet qu’il va faire (surtout lorsque l’on ne connaît rien). Les cartes de transports n’existant pas, j’ai tout fait au GPS et utilisé la seule application au monde sur smartphone qui vous qui dit quelle jeepney prendre pour se rendre d’un endroit à une autre (ouf !) ;
- Les tricycles : se sont les rickshaws du pays. Il s’agit en fait de side car adossé à une moto ou à un vélo. Pratique pour les courts trajets avec des bagages, c’est nettement moins cher qu’un taxi et le chauffeur vous dépose où vous voulez. La cure de pollution est comprise dans le prix ;
- Le métro : il y a dans la métropole, 3 lignes de métro aériennes construites au dessus des axes routiers. C’est climatisé, ça va vite (pas d’embouteillage), pas de pollution et l’on visite la métropole en hauteur. Bref, le métro c’est l’idéal pour se déplacer à condition de se trouver sur une ligne de métro (ce n’est pas évident) et d’accepter de voyager compressé. Les correspondances directes entre les lignes de métro n’existent pas (il faut sortir et entrer) ; et si vous devez revenir en arrière, vous êtes obligé de sortir de la station, traverser la rue, pour entrer et arriver sur le quai opposé. Les ascenseurs n’existent presque pas, il faut à chaque fois monter et descendre des escaliers raides sur 2 étages ! Fouilles des bagages obligatoires à chaque entrée. La consolation pour éviter de faire à chaque fois la queue pour acheter un ticket : se procurer la carte sans contact valable sur les 3 lignes de métro, la créditer et profiter d’une petite réduction sur les trajets ;
- La marche à pied : à privilégier pour découvrir la vie locale et les petites rues, mais très désagréable sur les grands axes de circulation. En cas d’embouteillages, marcher à pied permet d’aller plus vite que les véhicules, même sur 2 km !
Se loger
Il y a des hôtels partout (avec location des chambres à l’heure), notamment à côté des terminaux de bus (éparpillés un peu partout dans la métropole). Si la plupart des hôtels offrent des prestations et des prix élevés (c’est une généralité pour le pays), il y a que 2 endroits pour trouver des prix « corrects » et être bien situé (en Chine, se loger est nettement moins onéreux qu’aux Philippines avec un coût de la vie nettement plus élevé) :
- Makati City : dans la rue Padre Burgos, l’on trouve des hôtels pas chers, des boites de nuit, des karaokés, des restaurants et le plus important des prostitué(e)s qui vous sollicitent en permanence. Pas contre pas de pauvres dans les rues ;
- Le quartier de Malate au sud de Manila : là aussi des hôtels pas chers, des boites de nuit, des karaokés, des restaurants et des jolies filles bien alignées sur le trottoir pour attirer le client. Je n’ai pas vu de prostitué(e)s, mais des enfants pauvres qui vivent de la mendicité et qui volent les étrangers.
Si je souligne cela, c’est parce que dans n’importe quelle ville que j’ai visitée en Asie, j’ai toujours pu trouver un endroit qui me convenait (premier prix et sans prostitution) ; mais ici, non. Pour se loger pas cher et être bien situé, il faut accepter (ou subir) une réalité chère à certains Philippins : la prostitution. Et pourtant, je suis dans un pays catholique, où l’Eglise n’encourage pas cela…
Visiter
Manila est la ville boudée par les touristes, qui font tout pour ne pas rester trop longtemps dans un bidonville. C’est sûr, à choisir entre un lieu crasseux, pollué où il n’y a presque rien à visiter et les beaux paysages verdoyants et luxuriants (jungle, plages de sable blanc, eau turquoise, spots de plongées…), le choix est vite fait. Et il y a de quoi, je n’ai jamais vu un pays si contrasté en passant d’un extrême à l’autre sans un juste milieu (pollution-air pur, très moche-très beau, très pauvre-très riche…). En fait, c’est vrai qu’en dehors de la métropole de Manila et de Cebu (je ne connais pas Davao), les Philippines est un pays très agréable et les habitants adorables où tout va pour le mieux (la face visible de l’iceberg). Par contre, pour découvrir la vraie vie des Philippins (économie, social, politique…), il faut absolument passer plusieurs jours à Manila ou à Cebu pour se rendre compte que le pays est en très grande difficulté à tous les niveaux (la face cachée de l’iceberg).
En arrivant aux Philippines, j’ai donc commencé par me poser 3 semaines à Manila, pour parcourir la ville dans tous les sens en me laissant imprégner par la vie locale et visiter les quelques lieux à ne pas rater. J’ai donc fait beaucoup de marche à pied, pour me perdre dans les petites rues, découvrir le niveau de vie, les conditions de logements et la gentillesse des habitants qui vous disent bonjour plusieurs fois par jour. Avec un peu de recul, c’est assez incroyable de voir une capitale laissée à l’abandon, où tout est anarchique (chacun pour soi) comme s’il n’y avait pas de gouvernement local pour garder une cohérence sociale et matérielle.
Les lieux à visiter
Il y a très peu de monuments ou de lieux culturels à visiter, l’âme de la capitale se découvre principalement en se promenant dans les rues et en acceptant de se laisser toucher par ce que l’on voit.
- Intramuros : c’est un des rares endroits des Philippines qui a réussi à ne pas être complètement détruit par les guerres successives ! Il s’agit d’un quartier fortifié à l’ouest de Manila, qui a servit de siège pendant la colonisation espagnole. L’on trouvera ici de vieux bâtiments d’architectures espagnoles, d’anciennes rues pavées et des constructions modernes et moche qui viennent défigurer ce quartier classé monument historique en 1951. C’est vraiment dommage que ce quartier n’est pas été préservé complètement en interdisant les constructions qui ne respectent pas le code de l’urbanisme local ;
- Cathedral of the Immaculate Conception (Manila Cathedral) : la première cathédrale a été fondée en 1571, puis détruite en 1583 par un incendie. Les 5 suivantes ont été construites puis détruites par des tremblements de terre. La 7ème fut achevé en 1789, puis détruite pendant la guerre du Japon en 1954. L’actuelle a été achevé en 1958, et le premier pape Paul VI lui rendit visite en 1970 ainsi que le pape François en 2015. C’est une imposante église, située dans Intramuros, très propre qui s’offre au visiteur, avec un circuit spirituel à parcourir. Un vrai lieu de ressourcement ;
- San Agustin Church : c’est la plus belle église des Philippines, elle est vraiment splendide, c’est à visiter absolument dans Intramuros. La première église fut construite en 1571 en bambou, puis détruite en 1574 par un incendie. La deuxième fut construite en bois et connu le même sort. L’actuelle en pierre, date de 1607 et servit plusieurs fois comme hôpital lors de différents tremblement de terre. Elle est occupée durant l’invasion par les Anglais en 1762-1769, est devenue un camp de concentration pendant l’invasion des Japonais (1942-1944) et elle est la seule survivante parmi les 7 églises d’Intramuros à avoir survécue à la guerre japonaise ! Elle est gardée depuis le début par les Augustiniens, qui ont fondé un monastère en 1604, qui a été détruit durant la guerre japonaise puis reconstruit en musée en 1970. Pour visiter l’église, il faut passer par le musée qui est payant. Pas de ticket, pas d’entrée dans l’église même si on ne visite pas le musée. Ne cautionnant pas le business avec les lieux de cultes, je n’ai donc pas acheté de billet même pour visiter le musée (les 2 sont indissociables). Cela dit, pour contourner ce problème, il suffit d’y aller pendant les offices ou pendant un événement particulier tel que les mariages (mon cas) ;
- Carriedo : c’est la rue commerçante par excellence où se pressent les visiteurs pour aller faire leur marché à très petit prix dans les commerces entassés les uns sur les autres. La rue est courte et c’est noir de monde. Le rue est coincée entre une station de métro est la Basilica of the Black Nazarene ;
- Les cimetières chinois et catholique : ce sont 2 cimetières séparés par une clôture au nord de Manila. La particularité de ces 2 cimetières, c’est qu’ils ressemblent à 2 villages protégés par une enceinte : un réseau routier avec des noms de rues, des petites maisons, quelques petits commerces et des habitants qui vivent et qui reposent en paix. Qui reposent en paix parce des morts sont enterrés ici et qui vivent parce que les pauvres y ont élu domicile pour éviter de dormir dans la rue. Les petites maisons, sont en fait une ou deux pièces fermées où se trouvent des tombes, avec une porte, au moins une fenêtre et bien souvent un mini jardin avec une porte d’entrée ! Et presque tout le cimetière est comme cela, me faisant dire qu’il ressemble à un village. Si le cimetière chinois est très calme, le cimetière catholique est beaucoup plus « vivant » car beaucoup de famille viennent s’y promener et manger des snacks (oui il y des commerces dans le cimetière). Pour loger un maximum de personne, la crémation est très utilisée et au cimetière catholique l’on trouvera un bâtiment sur 5 étages avec des milliers de cases pour accueillir vos cendres ; c’est incroyable, je n’ai jamais vu cela auparavant. Si les 2 cimetières étaient mieux entretenus, ce serait assurément les 2 meilleurs quartiers de la capitale où j’irais habiter ;
- Basilica of the Black Nazarene (Quiapo Church) : église imposante plusieurs fois détruite puis reconstruite, elle héberge la célèbre statue du Nazaréen Noir. C’est une statue du Christ qui porte sa croix, sculptée dans un bois noir au Mexique au XVIème siècle, puis transportée aux Philippines en 1606. Sa réplique part en procession dans les rues de Manila le Vendredi Saint, le 31 décembre (début de la neuvaine) et le 9 janvier de chaque année ; où à chaque fois des centaines de milliers de Philippins se bousculent pour essayer de la toucher (plus de 1,5 million à la procession du 9 janvier 2017) ;
- Minor Catholic Basilica of San Lorenzo Ruiz (Binondo Church) : église qui a été construite en 1596 par les Dominicains pour convertir les Chinois au christianisme. Elle a été détruite puis reconstruite plusieurs fois. San Lorenzo Ruiz (~1600-1637) est le premier saint philippin mort martyr pour sa foi au Japon qui a été canonisé par le pape le 18 octobre 1987.
Rendre service
Mais pour découvrir plus en profondeur et s’insérer dans la vie locale, il faut que quelqu’un ou une association vous accueille. Pour cela, j’ai rendu service pendant 2 semaines chez les sœurs Missionnaires de la Charité, qui détiennent 2 maisons d’accueil : un orphelinat pour les bébés et les enfants qui ont perdu leur famille ainsi que ceux dont les parents n’ont pas assez de moyens pour subvenir à leurs besoins et une maison pour les adultes en difficultés (financière, âge, psychologique…).
J’ai donc rendu service dans la maison des adultes (de mémoire une soixantaine) pour les tâches de la vie quotidienne. Mais, contrairement à Kolkata, je me suis plus embêté qu’autre chose, car il y a trop souvent des bénévoles qui viennent de façon régulières et ceux qui ne préviennent pas. Donc difficile de savoir un peu à l’avance si du monde viendra le lendemain ou pas. Dans un sens c’est bien que les bénévoles viennent, mais de l’autre, lorsque qu’il y a beaucoup trop de monde, c’est très étouffant. Bref, de ce côté-là les sœurs ne gèrent rien du tout, ne disant jamais non à quelqu’un qui veut rendre service. Au-delà de rendre service, j’en ai surtout profité pour rencontrer les sœurs et mieux comprendre la vie locale en leur posant pleins de questions.