Inde – Visite du Bihar et de l’Uttar Pradesh
Visite du Bihar (Jeudi 20 novembre – mercredi 26 novembre 2014)
Bienvenue en Inde du nord dans l’état du Bihar. Autre état, autre environnement, autre population. C’est vraiment amusant de voir des différences très marquées des différents états. C’est un peu comme en France lorsque l’on passe de la Bretagne directement à l’Alsace.
Le sud est marquée par les religions hindoue et chrétienne (surtout dans le Kérala), le nord s’ouvre non seulement à la religion hindoue, mais aussi au bouddhisme, sikhisme et jainisme. Les chrétiens par contre deviennent très minoritaires et les églises se font rares.
C’est aussi le moment de sortir sa laine, car il fait froid la nuit et le matin. Les bus dans les villes sont quasi inexistants, ce sont les rickshaws partagés qui prennent le relais. Les recettes de cuisine changent, le nom des plats aussi même s’il est identique à la cuisine du sud. L’anglais est nettement moins bien parlé, ce qui rend les conversations difficiles et les informations en anglais se font rares… La pauvreté est encore plus marquée, il y a nettement plus de personnes estropiées et une hygiène plus précaire. Les villes sont plus polluées que dans le sud et surtout nettement plus poussiéreuses. Vous vous en rendrez compte en regardant les photos, c’est quasi impossible d’avoir un ciel bleu.
Bodhgaya
Bodhgaya est une des 4 villes sacrées pour les bouddhistes, puisque c’est dans cette ville que le prince Siddharta Gautama (né en -563 au Népal) a passé 6 années de sa vie en méditation. Il atteignit l’illumination (enlightment en anglais, buddhatva en sankrit) au pied d’un banyan tree en -534. Le bouddhisme est né avec 5 personnes qui sont devenus ses disciples.
Dans la ville se trouve le Mahabodhi temple, construit juste à côté du fameux banyan tree, qui forme le sanctuaire. Le temple est tout petit, ayant la forme d’un obélisque. Tout autour, un immense jardin très bien entretenu avec des espaces pour méditer. A l’intérieur du temple, trône un bouddha en méditation, habillé en jaune ou en orange selon les offrandes faites par les fidèles. La tenue est d’ailleurs changée plusieurs fois par jour pour honorer les nombreuses offrandes. Des couronnes de fleurs et autres objets sont aussi offerts, et lorsque l’espace est rempli, tout est jeté vulgairement dans une poubelle devant les fidèles (si, si c’est vrai) sauf l’argent qui est gardé précieusement…
Non loin du Mahabodhi temple, se trouve une grande statue de Bouddha de 80 pieds, ainsi qu’une multitude de temples bouddhistes représentants différents pays de l’Asie, chacun ayant son style particulier.
Bodhgaya est une ville très hétéroclite :
- il y a des constructions très moderne (pour certaines comme en occident) et juste à côté, des maisons en terre ;
- des indiens qui vivent très bien du tourisme (il y a en effet beaucoup de touristes) en mettant à disposition des logements et des lieux pour se restaurer et à côté des familles et pleins d’enfants qui mendient dans la rue ;
- quelques routes bien goudronnées (qui desservent surtout le sanctuaire), et le reste, soit les routes sont dans un état très abimées soit elles sont en terre ;
- il y a beaucoup de bâtiments en construction et aussi beaucoup en ruine ;
- je paye une certaine somme pour dormir au chaud, mes voisins indiens dorment dehors dans le froid…
Le tourisme bat sont plein, il y a énormément d’asiatiques qui viennent (le bouddhisme dessert toute l’Asie du sud-est), mais aussi beaucoup d’Occidentaux. Je suis content de voir des étrangers, je n’en ai pas vu depuis mon passage à Amritapuri, soit depuis un mois…
Les habitants de la ville sont très prévenants, ils n’hésitent pas à s’arrêter pour discuter avec vous et surtout vous proposer leurs services (donner des renseignements, vous conduire quelque part, vous vendre quelque chose…) et cela plusieurs fois par jour. C’est un métier comme un autre, l’objectif étant de gagner sa vie, tout est fait pour inciter le touriste à dépenser son argent et spécialement à Bodhgaya. Une des choses qui pour moi aide à l’arnaque est qu’il n’existe pratiquement pas de transport public dans l’état du Bihar, aussi c’est l’occasion inespérée pour gonfler les prix, c’est à prendre où à laisser. De mon côté, je laisse et je ne visite pas certaines choses. C’est dommage, mais au moins je n’enrichis pas injustement des profiteurs.
Prendre le temps de discuter, c’est aussi une occasion de rencontrer les habitants et de découvrir un peu la vie de la ville de l’intérieur. L’une des choses immanquable : visiter une école dite de charité. Ce sont des associations qui permettent à des enfants orphelins de ne pas vivre dans la rue et d’être pris intégralement en charge (nourriture, logement et scolarité). Ces structures ne fonctionnant que par des dons, le visiteur est forcément invité à faire un don. En soit, c’est mieux que de donner de l’argent à des enfants qui mendient. Il y en a entre 20 et 30 sur Bodhgaya.
Je vous recommande de visiter cette ville, que j’ai beaucoup appréciée. J’y suis resté 5 jours.
Patna
Situé à 200 km au nord de Bodhgaya, j’ai tenu à m’arrêter dans cette ville (une demi-journée), qui abrite le Takht Sri Patna Sahib temple, le plus important temple sikh. C’est donc une ville sacrée pour les sikhs. Il y a le Patna moderne et à 10 km à l’est le vieux Patna, là où se trouve le temple. Le hic, il n’y a pas de service public, sauf de rares trains l’après-midi. Plutôt que d’attendre le prochain train, j’ai préféré visiter les quelques choses à visiter (un monstrueux silo, le musée dédié à Gandhi et le parc bouddhiste). Quant au temple, avec le peu de temps qui me restait et ne voulant pas dépenser beaucoup d’argent en rickshaw, j’ai préféré ne pas y aller, avec l’intention d’y revenir un autre jour. J’ai bien pensé à louer un vélo, mais c’est impossible, car cela n’existe pas (j’ai l’impression que rien n’est fait pour développer le tourisme).
Le train que je voulais prendre et qui devait arriver à Varanasi à 21 heures avait pris beaucoup de retard. J’avais la possibilité de prendre un autre train, mais cela me faisait de toute façon arriver vers minuit. Du coup, je suis allé négocier pour changer mon billet et prendre un train le lendemain matin. La règle : un billet de train sans réservation est utilisable uniquement le jour de son émission pour n’importe quel train et remboursable dans les 3 heures qui suit son émission, après c’est impossible. J’avais un peu anticipé les choses et acheté le billet le matin pour un train l’après midi. Donc, j’ai bien expliqué que le retard n’était pas de ma faute et que trouver un lieu pour dormir à minuit n’était pas chose aisée. La réponse d’un responsable : les règles sont claires, pas de remboursement et vous pouvez pendre le prochain train (la prestation est toujours assurée). Quant à savoir où je vais trouver un logement à l’arrivée compte tenue de l’heure, ça ne le regarde pas. Du coup, j’ai préféré dormir à Patna, partir le lendemain et… racheter un billet.
Avant de partir, j’ai donc pu prendre le temps de visiter le fameux temple sikh Shri Patna Sahib, en marbre blanc, et découvrir cette petite communauté très accueillante. Beaucoup de personnes viennent de loin pour visiter et prier dans ce temple en cours d’agrandissement. Ici, tout est calme, paisible et vous êtes accueillis. J’ai même été invité à prendre un repas après un temps de prière, mais n’ayant pas beaucoup de temps, je n’y suis pas allé (c’est un devoir pour les sikhs, de vous offrir un repas, cela fait partie de leur culture). J’aurais l’occasion de mieux découvrir cette communauté lorsque je visiterais le nord ouest de l’Inde.
Visite de l’Uttar Pradesh (Mercredi 26 novembre – mercredi 3 décembre 2014)
Varanasi
C’est une ville vivante, la circulation est dense et le bruit des klaxons permanent. Le seul endroit tranquille et sans circulation, se sont les ghats près du Gange. Pour y accéder, il faut traverser tout un labyrinthe de ruelles, où l’on peut facilement tourner en rond (le GPS ne fonctionne pas à cause des bâtiments trop rapprochés les uns des autres).
Cette ville, unique en son genre, est très importante pour les hindous, puisque c’est ici qu’un hindou peut atteindre le nirvana et échapper aux cycles des réincarnations. En fait, beaucoup d’hindous viennent passer leurs derniers jours à proximité du Gange dans un ghat. Une fois décédé, la famille vient auprès du défunt, celui-ci est plongé dans le Gange pendant plusieurs minutes, puis est brûlé pendant 3 heures sur du bois de santal et enfin ses cendres sont dispersées dans le Gange. Bref, tout un rituel répété chaque jour par les prêtres. Pour ceux qui n’ont pas la chance de mourir à Varanasi, le simple fait de disperser les cendres dans le Gange suffirait à ce que le défunt aille au nirvana. Il y a donc une atmosphère très particulière surtout le soir, et cela attire beaucoup de touristes. Personnellement, j’ai bien vu les bûchers, les corps en procession, mais je n’ai pas eu la patience d’attendre longtemps pour voir un corps brûler (j’ai attendu tout de même 1 heure). Il y a même la possibilité de s’asseoir sur les marches et de regarder tout cela tranquillement. Les photos sont interdites.
Le paradoxe des eaux du Gange : une eau pure est celle qui est claire, débarrassée de toutes ses impuretés et que l’on peut boire. Et bien celles du Gange, sont purificatrices lorsqu’une personne vient s’y baigner, mais c’est aussi un des fleuves les plus pollués d’Inde où l’on jette toute sorte de choses dedans (dont les cendres, des objets en tout genre…) et qui sert aussi à laver son linge sale… J’ai tout même mis les pieds dans le Gange et fait le rite de purification rapide (sans se baigner) avec un Canadien rencontré sur place qui vit en Inde (tout par 3 fois : on laisse couler l’eau de ses mains, on porte l’eau à ses lèvres, à ses yeux, à ses oreilles et l’on s’asperge au dessus de la tête).
Les ghats étant très touristiques (il y a beaucoup de possibilité de logements), l’on est en permanence sollicité par des locaux pour toutes sortes de choses (ballade en bateau, explication sur la crémation…). A proximité, perdu dans les ruelles, se trouve le Kashi Vishvanath temple et sa coupole dorée. C’est un lieu réservé aux hindous et aux très rares non hindous si l’on en fait la demande aux policiers qui surveillent drastiquement le temple (un homme a même tenté de blesser une personne avec un stylo à bille !). Pour la visite, j’ai été accompagné par un prêtre, qui m’a donné des explications, mais même avec sa présence, je n’ai pas pu entrer dans le temple. Ce prêtre est un jeune brahman, qui officie dans ce temple avec 150 autres prêtres et j’en ai bien profité pour discuter religion avec lui. Et bien, le seul point commun que j’ai trouvé entre la religion chrétienne et la religion hindou est que nous avons un Dieu créateur, mais pas du tout la même relation. Et c’est tout.
Sarnath
Situé à 13 km au nord-est de Varanasi, Sarnath est un des 4 lieux sacrés pour les bouddhistes. C’est à cet endroit que Bouddha fit son premier sermon sur les 4 nobles vérités après son illumination. L’on retrouve de magnifiques jardins et des temples de divers pays, ainsi qu’une statue de Bouddha prêchant de 80 pieds, un musée et un site archéologique. Sarnath est un petit village, une journée suffit largement pour tout visiter.
Gorakhpur / Kushinagar
Les nuits et les matinées se font plus fraiches, les indiens portent maintenant des bonnets (moi pas encore) et les écarts de températures sont plus importantes de 5°C le matin à plus de 20°C l’après-midi.
Il n’y a rien d’intéressant à visiter à Gorakhpur, c’est surtout un carrefour routier et ferroviaire et un point de passage pour se rendre au Népal.
Le village de Kushinagar, situé à 50 km à l’est de Gorakhpur, est un des 4 lieux sacrés pour les bouddhistes où est décédé Bouddha en -480. Une tombe avec une statue de Bouddha couchée dessus marque l’emplacement exact de sa mort, qui est situé sur un site archéologique. Le village est tellement petit, que j’ai fais l’aller-retour en une demi-journée.
Fin du voyage en Inde
Mon visa arrivant à expiration, Gorakhpur marque donc ma dernière étape en Inde. J’ai donc passé 5 mois dans ce merveilleux pays, en ne visitant pratiquement que le sud, et parcouru plus de… 7800 km (je n’ai pas fait le calcul des innombrables heures passées dans les transports).
Mon désir qui est de rendre service là où je suis, reste toujours présent en moi, sauf qu’avec les rencontres difficiles que j’ai eues après mon passage à Bengaluru, j’avais laissé ce projet de côté pour visiter l’Inde. Et c’est très bien ainsi.
Traversée de la frontière
La suite de mon voyage continue au Népal dans le brouillard ; donc direction plein nord en bus (90 roupies) pour passer la frontière à Sonauli (à 4 km au nord de Nautanwa). D’après les témoignages sur internet, je m’attendais à être sollicité par toutes sortes de propositions. Et bien non, le bus fini sa course à 200-300 mètres de la frontière et j’ai fini à pied. Ici, la frontière est grande ouverte, les Indiens et les Népalais la traverse à pied sans s’arrêter. Mais moi, je m’arrête au poste d’immigration pour tamponner mon passeport en profite pour discuter avec un gars de l’immigration qui me donne toutes les bonnes informations pour continuer ma route (pour ceux qui veulent obtenir des dollars américains, il y a un bureau de change juste en face). Le passeport tamponné, je sers la main du gars avec qui j’ai discuté puis je quitte l’Inde. Bref, ambiance super cool.