Népal – Visite de Gorkha et mission à Kathmandu
Bienvenue au Népal (Jeudi 26 mars 2015 – lundi 22 juin 2015)
Après une nuit passée à Belahiya, journée de bus pour aller à Kathmandu. En effet, mon début de séjour a commencé par la semaine sainte, aussi je me suis posé à Thamel (le quartier des touristes) et j’ai pu bien profiter des messes. L’évêque Paul Simick a présidé les différentes messes, et à la veillée pascale des jeunes ont été baptisé, fait leur première communion et leur confirmation. Grande joie donc pour notre communauté.
La dernière fois, je vous avais parlé de la communauté catholique, d’un diocèse et d’une cathédrale. En fait, il n’existe pas de cathédrale, ni de diocèse. En effet, les catholiques du Népal sont rattachés au diocèse de Patna en Inde ; il s’agit juste d’un vicariat apostolique. Le fait d’avoir un évêque, permet au vicariat d’avoir une certaine autonomie de fonctionnement, mais l’évêque n’a pas tous les pouvoirs comme pour administrer un diocèse. Quant au nombre de fidèles, ils sont environ ~9000 sur une population de 28 millions, soit 0,0003 % (et non 0,03 %). Voilà pour la correction de mes erreurs.
Les jours suivants (6-17 avril), j’ai enfin pu continuer mon trek autour des Annapurna et le finir. Magnifique trek, je ne regrette vraiment pas d’être allé jusqu’au bout et de franchir le fameux col à 5416 mètres. La semaine suivante, je suis resté à Thamel pour me reposer et surtout rédiger un article pour bien préparer son trek autour des Annapurna où j’ai détaillé tout mon parcours.
En venant au Népal, j’avais le projet de finir mon trek autour des Annapurna durant le 1er mois puis d’aider Kailash, un jeune directeur d’entreprise durant les 2 autres mois. J’avais donc pris un visa de 3 mois. Mais avec le tremblement de terre les choses ont complètement changé.
Le tremblement de terre
Samedi 25 avril et mardi 12 mai, 2 tremblements de terre importants ont eu lieu au Népal, provoquant près de 8000 morts et plus de 15000 blessés. Me voilà plongé au beau milieu de ma première catastrophe naturelle. Le samedi 25 avril, j’étais au 4ème et dernier étage de mon hôtel (en béton armé), impossible de marcher droit et j’ai cru voir les murs onduler. L’effet est le même lorsque vous êtes dans un bateau en pleine tempête. Le mardi 12 mai, j’étais à l’extrême est du Népal, qui n’a subit aucun dégât sauf en montagne ; j’ai seulement ressenti la secousse pendant quelques secondes.
Etant au cœur des événements et pour vous rassurer, j’avais donc mis un certain nombre d’articles et de photos sur la page Facebook et Google+ du blog, pour vous apporter mon regard sur les événements et sur ce que j’ai pu faire. Je ne reprends donc pas tout ce que j’ai déjà dit dans ces nouvelles. Quelle expérience ai-je tiré de ces événements ?
La façon dont sont transmises les informations :
Quel décalage il peut y avoir entre la réalité et ce que l’on peut voir ou lire dans les médias ou la presse ; même dans les journaux locaux. Lorsqu’il y a un objectif commercial en arrière plan, les informations présentées sont donc ciblées pour jouer avec nos émotions (énorme photo en première page, mots chocs…), laissant notre imagination extrapoler l’événement par ex. à la vue d’une seule maison détruite (ex. : le Népal est aussi ravagé que la Syrie par une guerre). Et puis en prenant un peu de recul avec une photo en plan large, et bien l’on découvre que le Népal n’est pas si détruit que cela (ce n’est rien à comparé à la Syrie). Oui, mais la photo en plan large qui montre des choses normale, ça n’intéresse pas grand monde. La preuve ?
D’une manière générale, lorsque je mettais des photos de bâtiments détruits j’avais une nette augmentation de visiteurs sur la page Facebook du blog ; par contre lorsque je mettais de belles images, là le nombre de visiteurs est revenu à la normale… Bref, les médias c’est bien à condition de prendre beaucoup de recul et de ne pas passer son temps à capter toutes les informations trop souvent sorties de leur contexte.
Pour ne pas faire comme les médias qui se contentent des images catastrophes, j’ai donc publié des articles sur les réseaux sociaux durant 2 mois afin de vous partager l’après tremblement de terre. J’espère que vous avez apprécié.
L’aide humanitaire :
La semaine critique après le premier tremblement de terre, beaucoup de Népalais qui ont perdu leurs logements se sont retrouvés à dormir dehors ou sous des tentes, et les blessés être soignés à l’extérieur des hôpitaux par manque de place. Puis au fil des jours, des centaines d’étrangers ont débarqués pour sauver et aider les victimes avec des ballets de convois humanitaires tant terrestres qu’aériens. Il y a les organisations officielles qui ne prennent que des volontaires expérimentés et les nombreuses organisations non officielles locales qui acceptent toutes les bonnes volontés. Les 2 premières semaines, je n’ai rien fais de particulier, laissant les professionnels faire leur travail.
Ensuite, toujours dans un esprit de service, j’ai donc rejoint une petite équipe d’étrangers gérée par Hom, un employé de l’hôtel Alobar 1000 du quartier de Thamel (que je vous recommande), pour les aider à apporter du matériel, construire des maisons en bambous dans des villages avant l’arrivée de la mousson et jouer avec les enfants. Retrouvez toutes les missions sur la page Facebook Nepal survivors fund. Mon projet initial qui était d’aller aider Kailash, à donner des cours d’informatique dans les villages, s’est finalement transformé à aider les victimes dans les villages. Et je rends grâce pour cela, non pas pour l’événement en lui-même, mais pour l’opportunité de rencontrer des Népalais dans une situation extraordinaire et de leur apporter de la joie et du réconfort. L’objectif principal de mon voyage qui est de rencontrer les habitants là où ils sont et de rendre service est donc atteint. Yes !
J’ai aussi eu l’occasion de visiter un village catholique (Gwalthum) avec la paroisse, au nord-est de Kathmandu. En fait, ce n’est pas à proprement parler d’un village mais d’une famille catholique touchée par le tremblement de terre, qui forme à elle seule un hameau. Bien que la communauté catholique ne représente que 0,0003 % de la population, elle n’en demeure pas moins active en apportant un soutien matériel et financier, non seulement à la communauté catholique (la solidarité et l’unité sont primordiales), mais aussi aux victimes par le biais de la Caritas Népal.
J’espère que cet évènement va contribuer à une meilleur solidarité et unité du peuple népalais et surtout que le gouvernement soit réellement au service de son pays. Le risque dans tout cela, avec tout ce que je viens dire, est que le Népal se retrouve dans la même situation qu’auparavant si chacun ne vit que pour lui-même.
La vie au Népal :
En décembre dernier, lors de ma première visite au Népal, j’avais déjà rencontré des Népalais me parler de leur vie au Népal, mais sans voir concrètement là où ils vivent pour me rendre compte de la réalité. En rendant visite aux victimes, j’ai donc pu voir et rencontrer les Népalais là où ils vivent, la plupart dans des villages perdus dans la nature et toucher ainsi à la dure vie du pays. Par ex. : en visitant des écoles dans des villages, nous avons distribués des fournitures scolaires : quelques crayons, stylos, cahiers, gommes, règles et cahiers à des centaines d’élèves. Au final, cela ne représente que quelques roupies par élève. Oui, mais lorsque les familles sont très pauvres, cela est beaucoup et j’ai même vu un professeur pleurer tellement il a été touché par ce geste.
La grande leçon est de ne pas se fier aux apparences. Par ex. : un Népalais, tout comme un Indien, peut-être habillé très correctement, avoir un travail et appartenir à une famille très pauvre. C’est difficile, avec un regard extérieur de connaître le vrai niveau de vie social d’une personne. Tout comme la dernière école que j’ai visitée : dans un très bon état (très peu endommagée par le tremblement de terre), des élèves souriants en bel uniforme avec une grande joie de vivre. Et pourtant, si l’on se promène dans les rues avoisinantes, là où vivent les familles des élèves, des dizaines de maisons sont tombées en ruine, laissant les familles en situation de précarité.
2 rappels importants :
– Un asiatique exprime peu ses émotions en public, derrière un visage neutre peut se cacher une grande joie comme une grande tristesse (avec le temps, on arrive à deviner) ;
– Dans la culture hindoue, lorsqu’une personne aide une autre personne, cela se cantonne principalement à la famille (la tradition), voire à la caste à laquelle une personne appartient. Un hindou ne peut échapper aux cycles des réincarnations qu’à la somme de ses bonnes actions. Le salut de son âme ne vient pas de Dieu, mais de ses propres efforts. Gagner de l’argent est signe de bénédiction de Dieu, donc plus il en a, meilleur est son karma ; et comme il n’y a pas de protection sociale ni de retraite, il garde tout l’argent pour lui (perdre ses biens est signe de malédiction). Et s’il aide son prochain (ex. : le cas des gourous qui construisent des hôpitaux, des écoles…), c’est en premier lieu pour améliorer son karma. Ne croyez par qu’il aide les autres de façon désintéressé sans y trouver un avantage notable pour lui. C’est absolument tout l’inverse de l’enseignement de Jésus pour les chrétiens. Cela a donc été pour moi l’occasion de leur parler de l’unité et de la solidarité et surtout de prier pour cette religion qui n’offre aucune perspective de salut pour les plus faibles.
Patapur Ilam
Parallèlement aux événements suite aux tremblements de terre, lorsque je cherchais à me rendre utile, un prêtre de la paroisse m’avait parlé du projet d’un prêtre d’ouvrir un centre d’apprentissage en informatique dans son village. Il m’avait donc expliqué qu’il cherchait quelqu’un pour lancer son projet, acheter les ordinateurs et former une personne. J’ai saisis cette opportunité et je suis parti dans la foulée en prenant un bus de nuit : 12-15h de trajet pour un peu moins de 500 km (par avion, c’est 45 min pour 300 km à un prix exhorbitant).
Patapur Ilam se situe à 20 km au nord de Kakarvitta, ville située en plaine à l’extrême est du Népal, à la Frontière avec l’Inde (entre Siliguri et Darjeeling). La particularité de ce village est que des hindous, des bouddhistes et des catholiques vivent ensemble dans la paix, alors que généralement les religions ne se mélangent pas.
Le village se compose de 80-90 familles (de 5-6 membres) dont 24 sont catholiques. Le premier hindou converti au catholicisme est un ancien prêtre hindou qui ne trouvait pas de perspective de salut dans sa précédente religion et qui, après avoir participé à un groupe de prières, a trouvé ce qu’il cherchait. Il a donc été baptisé ainsi que des dizaines d’autres par un prêtre du diocèse le plus proche. Durant 7-8 ans, un prêtre venait dire la messe au village 2 fois par mois. En octobre 2014, la paroisse saint Pierre est créée, le père Robin (40 ans, dont 7 ans de sacerdoce) a été nommé pour cette nouvelle mission.
Ici, la mission part presque de zéro : tous ceux qui ont été baptisés n’ont jamais été catéchisés auparavant ! La messe est à 6h30 le matin du dimanche au vendredi et à 9h le samedi suivi du catéchisme. Autant la chapelle est bien remplie le samedi, autant il y a 3 participants (le premier converti et 2 enfants) le reste du temps, malgré certains qui habitent à quelques minutes à pied… Pour ceux qui veulent venir évangéliser, parler le népali ou hindi est indispensable puisque presque personne ne parle anglais !
Le premier projet de père Robin est d’ouvrir un centre d’apprentissage à l’informatique de 5 ordinateurs à côté de l’école. Contrairement à ce que l’on m’avait dit, il ne s’agit que d’un projet, son objectif étant de récolter des informations et des fonds. J’ai donc accompli ma mission en 15 minutes pour donner les informations.
Malgré l’incompréhension sur le projet, j’ai été très heureux d’avoir découvert ce village, d’autant que j’étais le premier étranger à venir. Le mois de mai étant dédié à Marie, chaque soir j’ai donc pu rencontrer une famille différente qui accueillait tout le monde pour réciter le chapelet ensemble et offrir un repas. Je suis resté au final 9 jours au lieu des 2 semaines prévues, préférant rentrer sur Kathmandu pour aider les victimes.
Gorkha
Sur le chemin du retour, je me suis arrêté à Gorkha, un des lieux touristiques du Népal à visiter. Le minuscule centre ville en lui-même est joli, il a été très peu touché par le tremblement de terre. Par contre, le palais perché sur une colline en hauteur, a bien souffert. Il n’est pas détruit, mais les murs sont fissurés de partout, rendant les bâtiments très dangereux. La zone est fermée au public, mais en discutant gentiment avec la police, j’ai tout de même pu visiter les lieux… Si la visite du centre ville est limitée, une agréable promenade dans les alentours vous offre de superbes paysages de la région.
Fin de ma visite au Népal
Ayant obtenu un 3ème visa pour l’Inde, c’est donc avec joie que je continue ma visite dans ce pays. Cette fois-ci, j’ai traversé la frontière non pas à Belahiya, mais à Bhimdatta (anciennement Mahendranagar) à l’extrême ouest du Népal en bus de nuit normal : 700 km pour 18 heures de trajet.
La traversée de la frontière
Cette frontière (Bhimdatta-Banbasa) est un peu particulière puisque les 2 villes frontières sont distantes de ~14 km avec le passage de la frontière en pleine campagne au milieu du trajet. Côté Népal, c’est très simple : il suffit de prendre un bus public qui vous dépose à la frontière, de faire ~100 mètres pour s’arrêter à l’office de l’immigration, puis encore 300 mètres supplémentaires et d’emprunter un minuscule pont qui enjambe une petite rivière pour arriver en Inde. Voilà pour le plus facile, par contre côté Inde c’est nettement plus épique. La suite dans les prochaine nouvelles.
A savoir : la frontière est fermée aux véhicules (impossibilité de traverser le barrage côté Inde), seuls les piétons, les vélos et les motos peuvent faire toute la traversée. Il y a la possibilité de trouver quelqu’un pour vous emmener à l’entrée du barrage côté Inde. Me concernant : sitôt sortit de l’office de l’immigration, un jeune en moto m’a proposé de faire toute la traversée avec lui pour 100 roupies indiennes. Le rêve : pas cher et super rapide (1h tout de même).
Voir les photos des régions est, centre et ouest du Népal.
Lire les articles sur mon trek et les conseils pour préparer un trek autour des Annapurna.