Inde – Visite et mission à Kolkata
Visite et Mission à Kolkata (Jeudi 12 septembre 2015 – lundi 4 janvier 2016)
Après ma visite dans le nord-est de l’Inde, me voici de retour dans le West Bengal et plus précisément à Kolkata (anciennement Calcutta). Lors de mon dernier passage fin août début septembre dernier, j’étais venu découvrir cette ville pendant une semaine et rendre service chez les sœurs Missionnaires de la charité la 2ème semaine. Cette fois-ci, je suis resté 1,5 mois pour rendre service et ainsi plonger dans la vie locale.
Il y a Kolkata ville (4 millions d’habitants) et Kolkata agglomération (16 millions d’habitants), qui comprend Kolkata ville et des villes et villages alentours. Kolkata agglomération est donc la 3ème mégapole du pays après New Delhi et Mumbai. Je ne parlerais ici que de Kolkata ville.
La dernière fois que je suis resté longtemps dans un lieu, c’était à Bengaluru où j’avais rendu service pendant 2,5 mois chez les Clarétiens qui gèrent entre autre une léproserie, au début de mon périple en Inde.
La vie à Kolkata
La construction de la ville débuta vers 1690, est devenue la capitale des Indes britanniques et du Raj britannique de 1773 à 1912 et perdit son statut en 1911 au profit de New Delhi. L’on retrouve donc tout un héritage architectural britannique avec des bâtiments imposants et de larges avenues bien entretenues (situés principalement dans la moitié ouest de la ville) ; ça fait vraiment du bien de voir de belles choses. Si l’on parle souvent de Kolkata pour la pauvreté qui habite la ville, c’est parce qu’au moment de la partition de l’Inde en 1947, beaucoup ont fuit le Pakistan est (actuel Bengladesh) et sont venu dans l’ancienne capitale industrielle dans l’espoir de trouver du travail ; sans compter tous ceux venus des états pauvres voisin du West Bengal. Seulement, la ville n’a pas continué de prospérer comme avant…
Après plusieurs mois passé en Inde et une bonne centaine de lieux traversés, je retrouvais toujours quelques points en communs d’une ville à l’autre (je ne parle pas des villages) : les slums (bidonvilles) en périphérie, des pauvres et des mendiants dans la rue qui disparaissent la nuit, le recyclage assez discret des déchets… Bref, chacun à sa vie privée qui ne regarde pas les autres et les gens ne se mélangent pas.
A Kolkata, la vie est tout autre : les pauvres et les riches vivent dans les mêmes rues (les uns dans des bâtiments, les autres élisent durablement domicile sur le trottoir) et dans la rue je peux voir beaucoup de chose de la vie quotidienne : des points d’eau publics pour se laver, faire sa lessive, faire sa vaisselle, des dépotoirs ouvert au milieu des habitations pour collecter les déchets (vidés ensuite régulièrement par des camions), des animaux abattus et dépecés pour alimenter les boucheries (surtout poulets et vaches), des toilettes payantes un peu partout, des artisans qui s’étalent sur le trottoir par manque de place dans leurs lieux de travail…
Kolkata, c’est aussi : les fameux taxis jaunes Ambassador (1er modèle de voiture fabriqué en Inde) toujours propre ; boire son tchai dans des récipients en terre cuite (utilisé une seule fois) ; la première ligne de métro en Inde, la moins cher du monde (construite en 1985) ; un des coûts de la vie le plus bas en Inde ; le Quest Mall, le plus grand et le plus luxueux que j’ai jamais vu en Inde (Rollex, Calvin Klein, Burberry, Gucci, Levi’s…) ; les rickshaws wallahs (voiturette légère sur 2 roues tiré par un homme à pied) ; des slums au milieu de la ville.
Oui, à Kolkata, il y a de la pollution, de la circulation, des klaxons, de la misère, une grande pauvreté dans les rues… Souvent l’on peut avoir une image un peu négative de cette ville avec tous ce que les gens racontent dessus (Kolkata ne laisse personne indifférent), d’autant que l’écart avec une ville ou un pays développé est très grand. Ce qui se vit à Kolkata se vit partout ailleurs en Inde et dans le monde, et cette ville est loin d’être la ville la plus miséreuse du pays : c’est même pour moi la ville la plus « humaine » et la plus « vivante » que j’ai jamais vu en Inde. « Humaine » dans le sens où il n’y a pas de séparation géographique entre les pauvres et les riches ; la ville n’est pas envahie par le tourisme, ce qui permet de rencontrer les habitants gratuitement, de payer le prix local et d’être accueilli pour ce que nous sommes et non pour notre argent. « Vivante » parce qu’ici je vois les habitants faire des gestes de la vie quotidienne depuis la rue que ce soit pour sa vie personnelle (se laver, dormir…) et professionnelle. Dans les pays développés, beaucoup de choses sont cachés aux yeux des habitants à cause de l’industrialisation, ici l’on voit presque tout, comme dans « l’ancien temps » vu des pays développés. Ca peut être choquant et dérangeant, mais voir des choses naturelles, me fait beaucoup de bien et me ramène à l’essentiel : ce pourquoi je suis fais.
Les religions
Hindouisme ~74,7 %, islam 23,3 %, christianisme 0,9 %, jainisme 0,5 %, autre 0,6 %. Et pourtant en me promenant dans les rues, j’ai vu très peu de temples hindous, quelques temples jaïns, de nombreuses petites mosquées et plusieurs grandes églises chrétiennes de style occidental.
Le surnom de la « cité de la joie »
Il provient du titre d’un livre de Dominique Lapierre paru en 1985, qui a connu un très grand succès. Par la suite est sorti un film en 1992. Je n’ai pas encore lu le livre, mais j’ai vu et revu le film à Kolkata, maintenant que je connais cette ville. Si vous regardez le film sans avoir aucune expérience des pays en voie de développement, vous serez sans doute choqué par le « décalage » du mode de vie (les rickshaws wallahs, la saleté de la ville, les personnes estropiées, les séquelles de la lèpre…). Le film vous donne un aperçu de la vie non seulement de Kolkata mais de la vie dans d’autre pays en général sous l’angle de la pauvreté (toujours actuelle). Mais, l’Inde n’est pas que cela. Vu sous d’autres angles (économique, social, de la religion…), c’est aussi un pays très riche sous certains aspects dont ne parle pas le film (ce n’était d’ailleurs pas son objectif). Le film raconte surtout, que malgré une grande misère, la vie peut continuer dans la joie, grâce à l’entraide et au partage des ressources ; cela permet de surmonter les épreuves de la vie quotidienne en communauté et non pas seul (pas d’individualisme). Donc, voir le film c’est bien, mais visiter le pays c’est bien mieux.
Les lieux visités
- Flower Market : grand marché aux fleurs près d’Howrah bridge :
- Marble Palace : palais de style italien, il est mal entretenu. Demander un permit d’entrée à l’office du tourisme du West Bengal ;
- Catholic Cathedral Of The Most Holy Rosary ;
- Magen David Jewish Synagogue : une des rares synagogues en Inde à visiter ;
- Saint Andrew’s Protestant Church ;
- Saint Paul’s Anglican Cathedral : rare église anglicane en Inde à visiter ;
- Saint Anthony Shrine, Saint Joseph Catholic Chapel (à 5 min à pied de Sudder Street) ;
- New Market ;
- Saint Thomas Catholic Church (à 10 min à pied de Sudder Street) ;
- Saint Teresa of Avila Catholic Church ;
- Saint James Protestant Church ;
- Mother House (Sisters Missionaries of Charities) : tombe de Mother Teresa ;
- South Park Street Cemetery : rare cimetière chrétien ;
- Nature Study Park : un des rares lieux pour se reposer sans trop de bruit ;
- Christ The King Catholic Church ;
- Quest Mall : grand centre commercial luxueux ;
- Birla Mandir Hindu Temple : temple où les sacs à dos et les appareils photos sont strictement interdits (il n’y a pas de consigne) ;
- Transfiguration Of Our Lord Greek Orthodox Church ;
- Kalighat Kali Hindu Temple : sanctuaire hindou très fréquenté ;
- Swetamber Dadaji’s Jain Temple : magnifique temple jain à visiter ;
- Parasnath Jain Temple : temple jain à visiter ;
- Dakshineswar Kali Hindu Temple : joli temple hindou à visiter ;
- Belur Math Hindu Temple : temple hindou à visiter dans un lieu reposant ;
- Botanical Garden et son Banyan Tree géant : le parc est sale et n’est quasiment pas entretenu (entrée à 100 roupies).
Les lieux non visités
- Nakhoda Masjid : la plus grande mosquée de Kolkata ;
- Saint John’s Protestant Church : entrée payante (10 roupies) ;
- Fort William ;
- Indian Musuem ;
- Victoria Mémorial : bâtiment construit en mémoire de la reine Victoria, convertit en musée.
Mission avec les Missionnaires de la charité
Si Kolkata est célèbre par le film « la cité de la joie », je pense qu’elle l’est aussi par la communauté des sœurs Missionnaires de la charité, fondée par Mother Teresa (Anjezë Gonxha Bojaxhiu de son nom) en 1950, juste après la partition de l’Inde, face à une population de pauvres devenant de plus en plus importante. Pour l’histoire de la communauté, je vous renvoi à internet ou bien venez visiter par vous-même le musée à la Mother House où vous aurez plein de détails sur Mother Teresa et les débuts de la communauté.
Pou ceux qui me suivent, Kolkata marque une étape importante dans mon périple en Inde. En effet, un des mes objectifs initiaux, était de venir ici pour rendre service. Pourquoi ici ? Simplement parce que j’étais sûr de pouvoir rendre service, de découvrir un peu mieux l’apostolat de cette communauté internationale et plonger encore plus dans la vie locale.
Pour faire simple : les Missionnaires de la charité se répartissent en plusieurs branches : les sœurs, les frères, les prêtres, les laïcs sans compter ceux qui sont apostoliques et ceux qui sont contemplatifs.
Le charisme principal : être au service des plus pauvres parmi les pauvres. Cela signifie entre autre :
- prendre soin de ceux qui ne peuvent pas vivre par eux-mêmes, dans des centres où ils sont nourris, logés et blanchis gratuitement, jusqu’au jour où ils peuvent se débrouiller par eux-mêmes (la plupart du temps ils sont ramassés dans la rue) ;
- accueillir dans des centres de jour des bébés ou des enfants pour permettre aux parents de familles pauvres de travailler et de gagner leur vie ;
- dispenser des soins gratuits ;
- distribuer du matériel : nourriture, vêtements, couvertures…
Les centres, qui sont aussi des lieux de communauté, sont détenus par les frères et les sœurs, chacun ayant sa « spécialité» : ex. : Prem Dan (adultes hommes et femmes), Daya Dan (enfants ayant un handicap), Nirmal Hriday (hommes et femmes plutôt en fin de vie)…
Me concernant, j’ai donc travaillé principalement à Prem Dan (chez les sœurs), une maison d’environ 300 résidents chez les hommes (~100 femmes et ~200 hommes). Cette maison se situe dans un quartier musulman pauvre et vu de l’extérieur cela ressemble à une prison (clôturé par haut mur, surmonté de barbelés pour des raisons de sécurité). Mais une fois la porte franchie, l’on arrive dans un endroit merveilleux, très bien entretenu. Le programme journalier de la matinée est simple (les volontaires ne travaillent pas l’après midi dans cette maison) : lingerie, être au service des résidents en faisant les soins du corps, en leur apportant ce dont ils ont besoin, servir le repas, faire la vaisselle et le ménage. Tout cela à main, sans machines industrielles. Pour que la maison puisse tourner correctement, il y a des employés salariés (venant des familles pauvres) ainsi que des volontaires envoyé par la Providence.
Contrairement aux pays développés qui se compliquent la vie en sécurisant tout et en réglant les détails de la vie quotidienne des autres, ici nous nous concentrons sur l’essentiel : prendre soin de son prochain en prenant son temps ; c’est tout l’avantage de rendre service dans un pays étranger, sans être rattrapé par la vie quotidienne de mon pays. Certes, il y a un écart important entre une vie indienne et la vie de mon pays, mais devant l’extrême simplicité de la vie indienne, je me simplifie aussi et je découvre mieux comment nous pouvons vivre heureux avec peu de chose en se donnant gratuitement.
Les centres sont vraiment des lieux de paix, où tout est bien pensé concernant l’organisation ; rien n’est laissé au hasard. C’est simple, c’est beau, c’est reposant surtout pour ceux qui se donnent. Il ne s’agit pas d’une simple bonne action pour se faire une bonne conscience, mais vraiment de mettre en application le grand message chrétien donné par Jésus qui est celui d’aimer et de prendre soin de son prochain comme soi-même (je repense à la parabole du bon Samaritain). Et pour surmonter les peines que l’on peut avoir parfois (c’est exigeant humainement), les résidents prennent soin de vous en vous offrant ce qu’ils ont : leur cœur, car ils n’ont rien d’autre à vous offrir.
Vous voulez découvrir des cités de la joie avec les Missionnaires de la charité ? Vous êtes les bienvenus, venez avec votre cœur et ce que vous êtes. Le volontariat est ouvert à tous ceux qui veulent rendre service et recevoir gratuitement, que vous soyez catholique ou non. Sachez aussi que dans Kolkata et ses environs, il y a beaucoup d’autres œuvres de charité qui acceptent aussi des volontaires. N’hésitez pas à me demander si vous souhaitez plus d’informations.
Alors Kolkata, une vraie cité de la joie ? Oh que oui, c’est la ville qui m’a le plus touchée en Inde et que j’ai aimé avant même de connaître. Mais pour l’apprécier vraiment, il est nécessaire d’ouvrir son cœur et de se laisser toucher par la vie locale. Kolkata est pour moi le cœur de l’Inde et c’est certainement là que j’ai reçu le plus de choses en 18 mois de voyage.
Bandel
Situé à 40 km au nord ouest de Kolkata, les pèlerins affluent par centaines à Bandel pour aller au sanctuaire de Our Lady of Happy Voyage. J’ai entendu parler de ce lieu par le bouche à oreille à Kolkata ; j’ai donc pris une journée pour le visiter.
Dans le petit sanctuaire, se trouve une magnifique basilique rénovée récemment ainsi qu’une petite cour fermée. Sur le toit, se trouve la statue d’Our Lady of Happy Voyage. J’ai visité ce lieu un 31 décembre, à la fin de mon périple en Inde, où j’ai confié à Marie la suite de mon voyage. Je rends grâce pour ce lieu, que je découvre à une étape importante de mon long voyage en Asie.
Fin de ma visite en Inde
Les 3 mois de mon 4ème visa indien a expiré, je dois donc quitter l’Inde. Cette fois-ci, je ne retourne pas au Népal réclamer un énième visa indien ; la dernière fois, j’ai du motiver ma demande et je sentais qu’il fallait que j’arrête de le faire. Une chose est sûre, je ne souhaite pas rentrer tout de suite au pays. Je poursuis donc ma route en Thaïlande qui est un des pays que je souhaitais découvrir étant enfant, et plonger ainsi dans une culture complètement différente de l’Inde dominée par le bouddhisme.
En Inde, j’ai donc passé 13 mois cumulés (5 mois cumulés au Népal) et parcouru plus de 27400 km, pour découvrir et à vous faire découvrir ce pays extraordinaire, multiculturel et multicultuel, qui fascine toujours beaucoup de monde tant il est riche au niveau humain et spirituel. Je pense, que c’est clairement un des pays à découvrir une fois dans sa vie pour ceux qui veulent se faire du bien et s’enrichir. J’ai pratiquement fais tous les lieux de cultes les plus importants de toutes les religions, ce qui m’a permit de découvrir un tout petit bout des richesses de ce pays (la religion est très présente dans la vie des hommes et la plupart des monuments à visiter sont des lieux religieux), et c’est déjà beaucoup.
Je suis entré en Inde par Mumbai, la capitale économique, où le coût de la vie est le plus élevé ; où beaucoup d’indiens qui travaillent dans les grandes entreprises internationales, mènent une vie à « l’occidentale » en vivant dans un monde matériel tout en gaspillant de l’argent et des ressources.
J’ai quitté l’Inde par Kolkata, une des villes où le coût de la vie est le plus bas, certainement là où la pauvreté est la plus visible dans la rue, mais là où j’ai trouvé le plus d’humanité.
J’ai hâte de revenir un jour en Inde. Mais quand ?
Voir les photos de Kolkata et du West Bengal.